D’Estienne d’Orves, Jeanne Bohec… La Marine nationale révèle les noms de ses futurs patrouilleurs hauturiers
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Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, la Marine nationale disposera de dix nouveaux patrouilleurs océaniques à l’horizon 2035, ces navires devant progressivement remplacer les « avisos » de type A69 [ou PHM, pour « patrouilleur de haute mer »] ainsi que les trois patrouilleurs de service public [PSP] de type Flamant.
Les sept premières unités ont été commandées par la Direction générale de l’armement [DGA] en novembre dernier, auprès d’un groupement momentané d’entreprises composé de Piriou, CMN et Socarenam. De leur coté, Naval Group a été notifié d’un « marché d’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de réalisation du système de direction de combat » tandis que Thales aura à fournir les équipements électroniques de ces futurs patrouilleurs, lesquels seront livrés à la Marine nationale dès 2026.
Affichant un déplacement de 2000 tonnes pour environ 90 mètres de long, ces navires seront armés par au moins un canon de 40 mm RapidFire 40 CTA [Cased Telescoped Ammunition] et auront la capacité de mettre en oeuvre un hélicoptère [et/ou un drone aérien embarqué]. « Dans un contexte marqué par l’augmentation du trafic maritime et le durcissement des menaces en mer, les patrouilleurs remplissent un spectre très large de missions : soutien à la dissuasion, présence dans les zones de souveraineté et d’intérêt, évacuation, protection, escorte et intervention dans le cadre de l’action de l’État en mer », précise la DGA.
Et d’ajouter : « Adaptés à un environnement semi-permissif, ils se distingueront notamment par une solide capacité de traitement de l’information, une tenue à la mer performante et seront en mesure de mettre en œuvre dans la durée un hélicoptère ou un drone aptes aux missions aéromaritimes ».
Le programme étant désormais bien avancé, il ne restait plus qu’à donner des noms à ces patrouilleurs… Ce qui n’est pas forcément le plus facile, l’onomastique navale étant régie par des règles bien précises.
D’une manière générale, les noms proposés se classent selon cinq catégories : le milieu naturel [comme « Mistral » ou « Tonnerre »], la cohésion de la Nation [c’est à dire le nom d’une ville ou d’une région], la reconnaissance [bataille ou évocation d’une figure historique], les vertus [« Confiance », « Téméraire », etc.] et le rayonnement de la France. Autrefois, c’est à dire sous la Monarchie de juillet, le Second Empire et la IIIe République, une certaine « créativité » était de mise en la matière, la mythologie ayant été une source d’inspiration quasiment inépuisable, de même que le panthéon des grands scientifiques [pas exclusivement français d’ailleurs] et des écrivains de renom.
S’agissant de ses futurs patrouilleurs océaniques, la Marine nationale a donné la liste des dix noms qu’elle a retenus, ceux-ci ayant été choisis selon une approche mêlant la tradition et la nouveauté.
Ainsi, alors que la commémoration des quatre-vingts ans de son exécution fut très discrète [sauf au sein de la Marine…], le commandant Honoré d’Estienne d’Orves donnera son nom à l’un de ces dix futurs navires. Cela avait déjà été le cas pour le premier des PHM à avoir été admis au service, en 1976. Même chose pour le quartier-maître Bernard Anquetil, autre Compagnon de la Libération, fusillé en octobre 1941, ainsi que pour le commandant Gabriel Ducuing, qui a la particularité d’avoir participé aux guerres de 14-18 et de 39-45.
Les Compagnons de la Libération fourniront quatre autres noms à cette nouvelle classe de patrouilleur, à savoir ceux de l’amiral l’amiral Jacques Trolley de Prévaux, du premier maître Yves Nonen, d’Émilienne Moreau [« l’héroïne de Loos », lire son portrait ici] et… de l’Île de Sein, dont la quasi-totalité des hommes en âge de combattre fit le choix de rejoindre la France libre en 1940…
La liste comprend aussi les noms de trois femmes ayant fait partie de la Résistance et/ou de la France libre. La Marine nationale a en effet choisi d’honorer l’enseigne de vaisseau Jacqueline Carsignol, qui commanda une équipe d’ambulancières intégrée au régiment blindé de fusiliers marins, en 1944, Jeanne Bohec, une mathématicienne ayant rejoint Londres et le Bureau central de renseignement et d’action [BCRA] dès 1940, et Andrée Borrell, membre d’un réseau d’évasion avant d’être recrutée par les services secrets britanniques.
Pour le moment, le nom de la classe de ces futurs patrouilleurs hauturiers n’a pas été précisé.
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