à la uneCamerounSociété

Frappée, ligotée et égorgée: Serges Aimé Bikoi décrit comment a été tuée Suzanne Zamboué

« Cet assassinat vise à intimider et à faire taire les membres du MRC, ainsi que toute opposition politique », écrit Serges Aimé Bikoi dans la tribune ci-dessous, dans laquelle il décrit les horribles tortures qu’a subies Mme Suzanne Zamboué.


« Suzanne Zamboue, l’épouse du coordonnateur national du MRC, a été assassinée hier nuit au domicile conjugal à Yaoundé par des individus non identifiés. Selon les premières sources familiales, S. Zamboue a été ligotée, violentée et tuée par des personnes jusqu’ici inconnues, qui ont pris la poudre d’escampette.
C’est une marée humaine qui a assiégé l’enceinte de la résidence de Pascal Zamboue. Hommes, femmes, jeunes et enfants, la mine patibulaire et attristée, devisent par grappes.

Certains n’hésitent pas à dévisager des confrères des chaînes de télévisions locales arrivés sur les lieux. À l’intérieur de ce domicile conjugal, c’est une salle à manger sans dessus dessous, une paire de chaussures noires éparpillées, un tabouret renversé, une pièce de 100 francs, une nappe blanche entachée de sang et un pot de fleurs au sol. Juste à l’entrée de cette résidence, Philomène Fouomene, une des sœurs de Pascal Zamboue, relate dans quelles circonstances s’est produit cet acte crapuleux. « L’enfant m’a appelé. Mama Philomène Stp viens viens Cabrel a ouvert les portes elle a trouvé mama attachée. Elle gît dans le sang ici. C’est comme si elle ne respire plus. Moi aussi j’ai pris le téléphone pour appeler certains membres de la famille pour leur dire qu’on est en train de dire mama Suzanne ne respire plus, elle est attachée et couchée au sol. C’est là où je suis allé trouver un attroupement à l’entrée. Je suis donc entrée et j’ai trouvé effectivement qu’elle est couchée là les pieds attachés. Elle gisait effectivement dans du sang et elle était déjà morte ».

C’est quelques instants après que les éléments de la police et ceux de la brigade de gendarmerie de Mendong sont arrivés sur les lieux ils ont auditionné les enfants présents. Puis, la famille a transporté la dépouille à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé. Au moment où la scène macabre se produit, il est 23h. Suzanne Zamboue était-elle seule dans cette résidence conjugale ? P. Fouomene Répond par la négative : « Elle n’était pas à la maison seule. Elle n’était pas seule dans cette concession. Les autres personnes n’ont pas suivi des bruits, ni quoi que ce soit. Gaëlle était là, mais elle n’a pas suivi des cris parce qu’elle était fatiguée. Elle est restée à la véranda pendant quelque temps avant de dire à sa mère qu’elle va s’endormir. Elle a pris sa nourriture, elle a mis dans le frigo disant qu’elle va réchauffer ça le lendemain pour manger avant d’aller au boulot », indique-t-elle.

C’est après la survenue de cet acte crapuleux que son fils Cabrel est joint au téléphone. Il arrive sur le champ et trouve le portail ouvert. Il entre il constate la lumière allumée au salon. Il se demande ce qui s’est passé ». Cabrel a même acheté du pain que sa génitrice Suzanne n’a finalement pas consommé. Les bourreaux ont enfoui des tissus dans la bouche de cette dernière. Arrivé sur le champ, son fils s’est escrimé à extraire des morceaux de nappes enduits de sang qu’ils lui ont enfouis dans la bouche. C’est quelques instants après que des membres de la famille venus découvrir le drame demandent à Cabrel d’arrêter de toucher la dépouille et d’appeler, illico presto, des éléments de la police.
Dépassée par les événements, des membres de la famille ne comprennent pas comment l’irréparable est survenu. « Je ne pouvais pas imaginer qu’elle était dans l’insécurité. Jamais ! Jamais! Jamais jusqu’à ce niveau qu’on vienne chez elle l’attacher, la ligoter et la tuer », se lamente P. Fouomene.

Des éléments de la police sont, à nouveau, arrivés sur les lieux en mi-journée et ont sommé des membres de famille et des visiteurs de libérer momentanément les lieux. Au sein de la foule massée dans l’enceinte de ce domicile conjugal, sont présents des militantes et membres du MRC, ainsi que des anciens camarades du Social democratic front (Sdf), ancienne formation politique de l’opposition camerounaise à laquelle a appartenu Pascal Zamboue avant d’adhérer au MRC.

Maidadi Saidou Yaya, ancien premier vice-président national du Sdf et, aujourd’hui, secrétaire national à la communication de l’Undp(Union nationale pour la démocratie et le progrès), et Alice Sadio, ancienne présidente nationale de l’Alliance des forces progressistes (Afp), sont venus réconforter la famille de la disparue. Le collectif des avocats du Mrc prépare, en ce moment, une plainte qui va être déposée dans les prochaines heures chez le procureur de la république.

Suzanne Zamboue, l’épouse de Pascal Zamboue assassinée, était enseignante de formation et de profession en fin de carrière. Elle revient fraîchement de la France, où elle a passé un séjour avec une de ses cousines qui vient d’accoucher d’un nouveau-né. C’est le 3 septembre 2023 qu’elle est revenue de France. Pascal Zamboue, quant à lui, avait été arrêté en 2020 et condamné à sept ans de prison ferme le 27 décembre 2020. Le coordonnateur national du MRC avait écopé cette peine privative de liberté, de même que Alain Fogue Tedom, trésorier national du MRC, Olivier Bibou Nissack, porte-parole de Maurice Kamto, Mispa Awasum, présidente nationale du mouvement des femmes du parti.

Dans un communiqué rendu public très tôt en matinée, la cellule de la communication du parti de Maurice Kamto « accuse ouvertement le régime Biya RDPC d’être responsable de cet assassinat ». « Cet assassinat vise à intimider et à faire taire les membres du MRC, ainsi que toute opposition politique. Le MRC affirme que le régime en place est complice de cet assassinat en raison de la détention arbitraire de Pascal Zamboue et de la répression exercée sur le parti ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *