La Direction générale de l’armement soutient la mise au point d’un prototype de propulseur hybride spatial
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Avec la fin de l’accord avec la Russie sur les lanceurs Soyouz, la retraite d’Ariane 5, les retards d’Ariane 6, les ratés de Vega ou encore l’échec de Virgin Orbit, il est devenu compliqué, en Europe, d’avoir accès à l’espace alors qu’une telle capacité est stratégique. Les pays qui ont su mettre les moyens au niveau de leurs ambitions n’ont évidemment pas un tel problème. C’est d’ailleurs le constat récemment dressé par le général Stephane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], devant les députés.
« Nous sommes effectivement dans une position délicate dans le domaine des lanceurs. J’espère que la situation s’améliorera le plus rapidement possible, afin que nous puissions effectuer de nouveaux lancements, car il est vrai que nous sommes aujourd’hui soumis à de fortes contraintes. Du point de vue militaire, nous devons absolument sortir de l’ornière dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, afin d’être en mesure de tirer nos objets souverains. Ce retard ne date cependant pas de 2022 : depuis de nombreuses années, les Américains et les Chinois sont en avance sur les Européens dans ce domaine », a en effet affirmé le général Mille.
Justement, le 6 novembre, la France, l’Allemagne et l’Italie ont réaffirmé leur volonté de sortir de « cette ornière » évoquée par le CEMAAE en se mettant d’accord sur un financement annuel d’Ariane 6 de 340 millions d’euros à partir de 2026. En outre, le lanceur se verra confier un minimum de « quatre missions institutionnelles européennes par an ». De même que Vega C [trois lancements par an].
Cependant, il est aussi question d’un « changement de modèle pour les futurs lanceurs », leur choix devant se faire désormais « sur la base d’une compétition ». Selon le ministère français de l’Économie et des Finances, cela ouvrira le « marché des nouveaux lanceurs à des TPE et PME des trois nations », dont Maia [filiale d’ArianeGroup], Zephyr, Sirius, Dark, Opus Aerospace et HyPrSpace, et « contribuera à développer les technologies les plus innovantes, qui ont manqué au spatial européen au cours des deux dernières décennies ».
Parmi les entreprises françaises du secteur spatial, HyPrSpace bénéficiera d’un soutien de la Direction générale de l’armement [DGA], via l’Agence de l’innovation de défense [AID].
« Grâce au soutien de l’Agence de l’innovation de défense, la société HyPrSpace développe une technologie de propulsion spatiale innovante qui, par sa simplicité, permettrait d’abaisser drastiquement les coûts d’accès à l’Espace, et de développer de nombreuses applications duales », a en effet indiqué le ministère des Armées, la semaine passée.
La technologie en question est dite « hybride » car elle consiste à associer un propergol liquide [le comburant] à un propergol solide [le carburant]. Ce concept est connu depuis plus de cinquante ans. Seulement, jusqu’à présent il n’a pas pu encore se généraliser pour les lanceurs importants faute d’une propulsion stable. Et cela, explique HyPrSpace, « en raison de la stratification des réactifs et de la nécessité de taux de régression plus élevés dans une grande chambre de combustion pour les architectures de moteur d’origine ».
Sauf que la jeune entreprise française a trouvé la solution pour régler ce problème… Ce qui lui a d’ailleurs permis d’avoir les faveurs du programme de recherche et développement [R&D] de France 2030 relatif aux microlanceurs.
Selon l’AID, « l’architecture brevetée de HyPrSpace permet de maîtriser et d’assurer une combustion efficace et des performances optimales ». Et c’est sur celle-ci que s’appuie le projet de Démonstrateur de propulseur hybride spatial [DEPHYS], lequel vise à développer un prototype de moteur de grande taille [soit 6 mètres de haut pour 1 mètre de diamètre].
Les tests de DEPHYS seront réalisés par DGA Essais de missiles, qui « mettra à disposition des moyens de mesure de poussée pour évaluer les performances du système et assurera la sécurité de la zone d’essais ». S’ils donnent satisfaction, alors le prototype sera ensuite utilisé par le lanceur « Orbital Baguette 1 » [OB-1], qui devra être en mesure de mettre des satellites de 250 kg en orbite, de « manière réactive et économique ».
Cela étant, HyPrSpace ne sera sans doute pas la seule société du « NewSpace » a bénéficier d’un tel appui. « Face aux sollicitations de plus en plus nombreuses d’entreprises souhaitant aller encore plus loin, une étude est actuellement menée par DGA Essais de missiles pour analyser la faisabilité d’essais de qualification en vol de ce type de lanceur sur ses autres sites, dans les Landes ou en Méditerranée », souligne, en effet, l’AID.
Photo : DEPHYS – HyPrSpace
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