La mort qui es-tu : voici l’effet que ça fait quand on est en train de rendre son dernier souffle
Devant la mort, tous les genoux fléchissent. Tout le monde y passera. Absolument tous. C’est justement ce qui poussait Martin Heidegger à dire que « dès qu’un homme est né, il est assez vieux pour mourir », dans L’être et le temps.
Personne ne sait quand, ni comment, encore moins où ce sera. Seulement la mort des autres nous donne une idée extrêmement vague et très incertaine de ce que pourrait être la nôtre. On imagine. On se met à la place de la victime, on se voit dans sa peau sans jamais vraiment y être.
« C’est une douleur tellement intense qui ne se dissipe pas (…). J’ai toujours le cœur aussi brisé et ça fait toujours aussi mal d’autant plus que j’ai été témoin de ses derniers instants et je vous assure que c’est une douleur très traumatisante… Il avait tant à donner et à offrir dans la vie », ce sont les paroles du témoin vivant qui a vu comment son proche a rendu l’âme.
Plusieurs sont les personnes à se demander ce que ça fait de mourir. Pour ce qu’on sache, personne n’est jamais revenu de l’au-delà pour raconter comment cela se passe, quel est le sentiment qu’on a quand on y est, est-ce qu’on éprouve de la douleur ou de la satisfaction de se pouvoir enfin se débarrasser de tout, où va-t-on une fois l’âme rendue, etc.
Ce sont autant de questions pour lesquelles on donnerait beaucoup d’argent pour avoir la réponse fiable. L’activiste Zang apporte peut-être un début d’éclaircissement, bien qu’il n’est pas encore passé par l’étape de la mort. Il a tout de même vu un proche mourir sous ses yeux et il a senti ce que ça fait.
L’homme explique que « c’était le 17 septembre 2011 aux premières lueurs de la matinée que tu as poussé ton dernier soupir entre mes bras, moi qui passait la nuit à tes côtés selon les recommandations du docteur qui avait demandé qu’on ne te laisse pas seul.
J’ai senti pour la toute première fois de ma vie comment le souffle de vie quittait définitivement l’être humain. J’avais juste ta tête sur mon bras gauche et je criais sur toi en disant : « je t’interdis de mourir, tu entends », « tu n’as pas le droit de partir », « bats-toi car je vais me fâcher », « ne nous lâches pas ».
Je me rappelle comment en voyant les mouvements alarmants de ta sclérotique, j’ai commencé à te secouer de toutes mes forces et à frapper ta poitrine en criant sur toi pour essayer de te faire revenir… Même le bouche à bouche et le massage cardiaque n’ont eu aucun effet malgré tous mes efforts à te ramener.
Je me rappelle du malaise de maman quand elle a vu ton corps. Je me rappelle de la dignité dans la souffrance de papa qui se contenait devant ta dépouille. Même jusque-là, je me disais que tu allais te réveiller. Que c’était juste une blague que tu nous faisais mais hélas le docteur est venu constater la vérité.
Il m’a fallu du temps pour réaliser que tu étais parti et c’est au moment où je vois ton corps entrer dans le tiroir de la morgue de l’hôpital général que j’ai eu cette vive douleur cardiaque qui m’a fait m’asseoir un moment pour évacuer. Tu as fait ça dur à toute la famille grand frère et à moi particulièrement.
On a eu de tas de problèmes toi et moi et on n’était pas vraiment les meilleurs amis du monde mais je t’aimais et tu m’aimais et tu savais me soutenir quand j’étais dans le besoin, me protéger quand cela était nécessaire. Aujourd’hui, je pense à Priscilla qui t’a tant aimé. On est toujours en contact car malgré le fait qu’elle s’est fait une nouvelle vie, elle a été ton amour et à ce juste titre, elle reste une des nôtres. Repos éternel grand frère. À jamais dans mon cœur (…) ».