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Le drone MALE français Aarok a débuté ses essais au sol

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Dévoilé par Turgis & Gaillard lors de l’édition 2023 du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, le projet de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] Aarok n’a pas manqué de susciter l’intérêt du ministère des Armées et, en particulier, de celui du général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE].

C’est un aéronef « assez séduisant sur le papier. Et je suis prêt à payer pour voir car entre ce que l’on annonce et ce que l’on sait faire, il y a parfois un écart », avait-il dit lors d’une audition parlementaire. « Il faut aller voir ce que l’on est capable de sortir d’une démarche de ce type », avait encore ajouté le général Mille.

« Aarok est un projet très intéressant, pour être très clair. Tout dépendra du premier vol qui va être effectué dans les prochains mois », releva Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, peu après. « Globalement, le travail est de bonne qualité [et se fait] en confiance avec Turgis & Gaillard et les différents services du ministère », avait-il continué, en soulignant que la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 permettrait « d’explorer un certain nombre de concepts », comme ce nouveau drone MALE.

L’avenir de ce projet va se jouer très prochainement. En effet, ce 15 avril, la société Turgis & Gaillard a annoncé que l’Aarok venait de commencer ses essais au sol avec succès.

« Le programme de drone de combat français AAROK a franchi dernièrement plusieurs étapes décisives. Le jeudi 4 avril 2024, les équipes de Turgis & Gaillard ont procédé à la première mise sous tension du prototype. Ce jalon technique a été suivi le mercredi 10 avril par la première mise en route du moteur, puis des premiers points fixes. Toutes ces étapes se sont déroulées de façon nominale et exactement conforme aux attentes », a fait savoir l’entreprise, via un communiqué.

« Turgis & Gaillard et ses partenaires poursuivent le développement de ce programme, mené en autofinancement. Ils sont plus que jamais déterminés à offrir aux armées françaises et alliées un matériel simple, robuste et efficace », a-t-il ajouté.

Pour rappel, d’une masse de l’ordre de 5,5 tonnes, l’Aarok est censé avoir une endurance supérieure à 24 heures, grâce à un turbopropulseur développant une puissance de 1200 chevaux, tout en étant « sobre » et relativement silencieux [l’Ardiden 3TP de Safran est pressenti].

Doté d’un capteur optronique de grande dimension, d’une charge électromagnétique et d’un radar multimode, l’Aarok pourra emporter jusqu’à 1,5 tonne de munitions. Ce drone « Itar Free » [c’est à dire conçu sans composant d’origine américaine] aura la capacité d’opérer depuis des terrains sommaires. Quant à son coût, il serait compris entre 5 et 10 millions d’euros.

Aussi, cet appareil est beaucoup plus léger et moins coûteux que l’EuroDrone [ou EuroMALE], actuellement en cours de développement sous la maîtrise d’oeuvre d’Airbus Defence & Space, avec Dassault Aviation et Leonardo pour principaux sous-traitants. En 2035, l’Armée de l’Air & de l’Espace [AAE] devrait disposer de six systèmes « Eurodrone », chacun d’entre eux étant composé de trois vecteurs et de deux stations au sol. Pour le moment, quatre exemplaires ont été commandés pour environ 2 milliards d’euros.

Pour autant, Turgis & Gaillard estime que l’Aarok n’est pas un concurrent de l’Eurodrone.

« L’EuroMALE est aussi une chance pour l’Aarok : nous avons besoin d’un engagement résolu des autorités européennes et d’Airbus en faveur d’une filière ‘drone’ souveraine, car les enjeux de navigabilité sont d’une complexité dont on n’a pas idée. Jamais l’Agence européenne de sécurité aéronautique ne définirait de cadre réglementaire pour un drone MALE s’il n’y avait pas l’EuroMALE. Et nous aurions été condamnés à voler indéfiniment sous régime dérogatoire, comme les MQ-9 Reaper, ce qui aurait limité le potentiel commercial de l’Aarok. Car, en plus de ses missions militaires, l’Aarok réalisera probablement des missions de service public, mais à la condition de pouvoir voler sans contrainte ! », avaient expliqué Fanny Turgis et Patrick Gaillard, les fondateurs de Turgis & Gaillard, dans les pages du hors série n°93 de DSI.

En outre, l’EuroMALE et l’Aarok n’entrent pas dans la même logique, le second devant pouvoir être « rapidement produit en masse en toute souveraineté » et « agir comme un multiplicateur de force dans le cadre d’opérations multidomaines ».



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