Le projet allemand de bouclier antimissile européen suscite des désaccords en Pologne
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En matière de défense aérienne, les forces armées polonaises sont plutôt bien loties, d’autant plus que, depuis le début de la guerre en Ukraine, Varsovie a décidé de les renforcer significativement dans ce domaine, avec notamment la commande de batteries Patriot supplémentaires [avec leurs missiles intercepteurs de type PAC 3 MSE associés], d’un Système de commandement de combat intégré pour la défense aérienne et antimissile [IBCS – Integrated Air and Missile Defense Battle Command System] et du système CAMM [avec plus d’un millier de missiles] conçu par MBDA.
Par ailleurs, à Redzikowo, dans le cadre de l’Otan, la Pologne accueille un site de défense aérien AEGIS Ashore, doté de radars SPY-1 et de missiles intercepteurs SM-3 Block IIA. Cette installation a été déclarée opérationnelle en décembre dernier, après des années de retard.
Aussi, quand, en octobre 2022, l’Allemagne a lancé l’European Sky Shield Initiative [ESSI], sous l’égide de l’Otan, le gouvernement polonais, alors dominé par les conservateurs du PiS, n’a pas jugé opportun de s’y rallier.
Pour rappel, l’ESSI vise à bâtir un bouclier antimissile à l’échelle européenne en mutualisant les achats de systèmes dédiés, dont l’IRIS-T SLM, produit par le groupe allemand Diehl Defense, l’Arrow-3, conçu par Israël avec l’appui des États-Unis, et le Patriot PAC-3 américain.
Bien qu’arrivé en tête des élections législatives, le PiS n’a pas obtenu de majorité pour former à nouveau un gouvernement. Aussi a-t-il dû s’effacer devant une coalition emmenée par le centriste [et pro-Union européenne] Donald Tusk. Et, dans beaucoup de domaines, il a l’intention de revoir les décisions prises par son prédécesseur, Mateusz Morawiecki, quitte à afficher publiquement des désaccords avec le président [conservateur] Andrzej Duda…. comme sur la question de la défense aérienne.
Ainsi, ayant relevé que 99 % des missiles et drones lancés par l’Iran contre Israël, dans la nuit du 13 au 14 avril, avaient été interceptés, M. Tusk a évoqué la possibilité pour la Pologne de rejoindre l’ESSI, qu’il a comparé avec le système de défense antimissile multicouches mis en oeuvre par Tsahal.
« La récente attaque iranienne a confirmé l’importance de disposer d’un système similaire à celui de la défense aérienne israélienne, le Dôme de fer », a en effet déclaré M. Tusk, lors d’une conférence de presse donnée le 15 avril, aux côtés de Mette Federiksen, son homologue danoise.
Au passage, le « Dôme de fer » [ou Iron Dome] désigne un système de la défense aérienne israélienne… Celle-ci étant complétée par les dispositifs « Fronde de David », Arrow 2 et Arrow 3.
« Il n’y a aucune raison pour que l’Europe ne développe pas son propre bouclier contre les missiles et les drones », a poursuivi le Premier ministre polonais. « Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre que nous sommes peut-être également dans une zone dangereuse », a-t-il ajouté. Et d’évoquer l’idée de rejoindre le projet de bouclier antimissile lancé par l’Allemagne, celui-ci devant être « complémentaire » des capacités polonaises.
Seulement, le président Duda n’est pas sur la même longueur d’onde. « Nous construisons depuis des années un système de défense aérienne basé principalement sur le système Patriot, pour lequel nous avons signé des contrats il y a longtemps », a-t-il rappelé. « L’ESSI est un projet commercial allemand auquel la Pologne n’a pas songé à se joindre car elle a lancé ses propres initiatives, aux côté des États-Unis et de la Grande-Bretagne [via MBDA UK] », a-t-il soutenu.
Dans le système politique polonais, il revient au président de superviser les forces armées. Mais il ne peut bloquer les décisions relatives aux achats d’équipements militaire, celles-ci étant du ressort du gouvernement, et donc, in fine, du Premier ministre.
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