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Les États-Unis soupçonnent le satellite russe Cosmos 2576 d’être une arme « antispatiale »

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Le 16 mai, une fusée Soyouz-2.1b a décollé du cosmodrome de Plesetsk [Oblast d’Arkhangelsk] avec, à son bord, plusieurs satellites dédiés à des applications civiles, dont trois Rassvet [télécommunications], deux Zorkiy 2M [observation] et quatre Sitro-AIS, de type cubesat. Seulement, il est apparu par la suite qu’un autre engin, appelé Cosmos 2576 [ou Kosmos 2576] avait été libéré dans le plan orbital du satellite américain USA-314, utilisé par le National Reconnaissance Office [NRO] du Pentagone.

Lancé en avril 2021, USA-314 fait partie de la famille des satellites de type Keyhole 11 [ou Kh-11], dont les caractéristiques et les performances sont tenues secrètes. Cependant, en 2019, Donald Trump, alors président des États-Unis, en avait donné un aperçu en publiant sur ses réseaux sociaux une photographie de la base de lancement iranienne de Semnan, gravement endommagée par l’explosion d’une fusée Safir.

Cela étant, ce n’est pas la première fois qu’un satellite russe est placé sur la même orbite que celle d’un engin américain de type Kh-11.

Ainsi, en 2019, Cosmos 2542, qui se serait désintégré dans l’atmosphère en octobre dernier, s’était approché régulièrement d’USA 245. En outre, il avait également libéré un sous-satellite, appelé Cosmos 2543.

Ces deux engins « agissent de la même manière qu’une paire de satellites déployés en 2017 et qualifiés par le gouvernement russe de ‘satellites inspecteurs » », avait expliqué, à l’époque, le général John Raymond, alors commandant de l’US Space Force [USSF]. « C’est un comportement inhabituel et inquiétant » qui « a le potentiel pour créer une situation dangereuse dans l’espace. Les États-Unis considèrent que ces récentes activités sont préoccupantes et ne reflètent pas le comportement d’une nation spatiale responsable », avait-il ajouté.

Plus récemment, Cosmos 2258 se fit remarquer par ses approches régulières [tous les cinq jours] du satellite USA-326, également de type Kh-11. D’où les soupçons des États-Unis à l’égard de l’engin lancé le 16 mai dernier.

« La Russie a lancé un satellite sur une orbite terrestre basse qui, selon nos estimations, est probablement une arme anti-spatiale susceptible d’attaquer d’autres satellites en orbite terrestre basse », a en effet déclaré Robert Wood, l’ambassadeur adjoint des États-Unis aux Nations unies. « La Russie a déployé cette nouvelle arme antispatiale sur la même orbite qu’un satellite du gouvernement américain », a-t-il insisté, le 21 mai, lors de l’examen d’un projet de résolution qui, défendu par Moscou et Pékin, invitait à prendre des « mesures urgentes pour empêcher, à jamais, le placement d’armes dans l’espace et la menace ou l’utilisation de la force dans l’espace ».

Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont usé de leur droit de veto pour s’opposer à ce texte. « Ils ont à nouveau démontré que leurs véritables priorités dans le domaine de l’espace extra-atmosphérique ne visent pas à préserver l’espace de tout armement, mais à placer des armes dans l’espace et à en faire une arène de confrontation militaire », a ensuite commenté Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Or, quelques jours plus tôt, la Russie en avait fait autant avec un projet de résolution porté par les États-Unis et le Japon afin d’appeler les États parties au Traité sur l’espace extra-atmosphérique à s’engager à ne pas mettre d’objet porteur d’armes nucléaires dans l’espace extra-atmosphérique. Et cela alors que l’engin russe Cosmos 2553, lancé en février 2022, est soupçonné d’être en réalité une « arme nucléaire antisatellite ».

Aussi, pour M. Wood, le projet de résolution russe ne visait qu’à « faire diversion ». Et d’accuser Moscou de se livrer à de la « manipulation diplomatique ».

Quoi qu’il en soit, le 22 mai, le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, a confirmé les soupçons concernant Cosmos 2576, en affirmant qu’il serait « capable d’inspecter et d’attaquer un autre appareil ». Les « évaluations indiquent en outre des caractéristiques ressemblant à des charges utiles antispatiales précédemment déployées en 2019 et 2022 », a-t-il dit.

Reste à voir ce que fera effectivement Cosmos 2576 dans les jours ou les semaines à venir. À plusieurs reprises, Moscou a prévenu que les satellites occidentaux – et notamment américains – utilisés pour aider les forces ukrainiennes pourraient être des « cibles légitimes ». Y compris ceux ayant une vocation commerciale, comme ceux du réseau Starlink.

Photo : Illustration



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