Sanction : Voici pourquoi le poisson camerounais sera désormais refoulé aux portes de l’Europe
Après un avertissement en 2021, l’Union européenne se décide à classer le Cameroun parmi les pays non coopérants en matière de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Du fait de ce phénomène, le pays perd des ressources halieutiques pour au moins 20 milliards Fcfa chaque année.
L’Union européenne (UE) s’apprête à prendre une décision portant exclusion du Cameroun du marché européen des produits de mer. C’est du moins ce que laisse entendre le commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, qui dénonce le fait que le pays ait « continué à enregistrer des navires de pêche opérant en dehors de ses eaux sans que leurs activités ne fassent l’objet d’un quelconque suivi ». Après cette décision déjà prise en amont par la commission européenne et qui va être ensuite soumise au conseil de cette institution, le Cameroun va ainsi rejoindre six autres pays exclus depuis 2013 du marché européen, dont les Comores, la Guinée ou encore le Sri Lanka, pour leur faible action contre la pêche illicite dans leurs eaux territoriales. Théoriquement, le Cameroun n’exportait déjà plus son poisson vers l’Europe depuis quelques années, le pays ayant depuis été exclu de ce marché pour « non-respect des règles sanitaires » en vigueur dans cette union. Cette deuxième sanction qui, a priori, n’aura pas de conséquence d’un point de vue pratique apparaît donc davantage comme un symbole.
Plaque tournante de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée à travers le monde, l’Union européenne qui est par ailleurs le premier importateur mondial de produits de la pêche, avait en effet adressé un avertissement au gouvernement camerounais en février 2021, l’invitant à renforcer son action contre cette pratique. Jugeant insuffisants les contrôles effectués par l’État sur ses 360 kilomètres de côte maritime, ce qui constitue l’une des causes majeures de la pêche illicite au niveau international, la Commission européenne avait enjoint le gouvernement d’élaborer « une politique d’immatriculation solide pour les navires de pêche autorisés à exercer leurs activités sous son pavillon et garantir un contrôle efficace et adéquat des activités de pêche menées par les navires battant son pavillon », dans un délai raisonnable. Le pays a finalement fait l’objet d’une procédure d’identification ou «carton rouge », certainement par laxisme.
Les chiffres officiels fournis par le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) renseignent que le Cameroun perd des ressources halieutiques pour au moins 20 milliards Fcfa chaque année du fait de la pêche illicite sur ses eaux maritimes. Mais, pour le commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, plus que les pertes économiques, la pêche illicite « constitue l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur l’exploitation durable de la mer, représentant un danger majeur pour le milieu marin, la durabilité des stocks halieutiques et la biodiversité marine ».