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Sénat : sur la trace des véhicules de fonction portés disparus

Plus d’une centaine de véhicules de fonction acquis il y a cinq ans par Michel Meva’a Meboutou, le Secrétaire général de la Chambre haute du parlement pour le compte des sénateurs, attendent encore d’être remis à leurs bénéficiaires. Entre tentative de détournements de deniers publics, abus de fonction et rançonnement, voue journal est allé sur les traces de ces biens publics. Enquête et révélations exclusives.

Yaoundé dans le premier arrondissement, lieu-dit Dragage. Dans la cour arrière de l’immeuble abritant les bureaux de l’Agence de régulation des marché publics et du jadis ministère de la Ville, une curieuse image attire les regards de tous les visiteurs : de luxuriantes berlines, des 4×4 immatriculés « SEN 00(X) A », des sièges encore sous emballage plastique, inondent la cour.

Certains ont des pneus affaissés du fait de l’usure du temps et de leur non utilisation. Pour la plupart. les couleurs sont à peine distinguables du fait de l’épaisse couche de poussière qui les recouvre. Comme animé d’un élan patriotique, un jeune homme sans doute un personnel domestique de l’un des services qu’abrite cet immeuble, s’emploie à diminuer à l’aide d’un vieux T-shirt parti en lambeau et d’une eau rendu boueuse, ces éléments de la nature qui donnent un coup de vieux à ce patrimoine de l’Etat.

A la question de savoir ce qui l’anime à ce service, il se veut évasif : « Ce sont des véhicules flambants neufs qu’on est venu laisser ici depuis des années. Moi, je veux juste que ça reste un peu propre ». Il n’en dira pas plus. Sans doute par peur de représailles de la barbouze en tenue bleue marine, arme au poing qui P observe attentivement. Sur la raison de la présence de ces véhicules en ces lieux, lui-même n’en sait pas davantage. « Ce sont les voitures des sénateurs », lance-t-il vaguement.

Dans les couloirs du Sénat, le sujet fait couler beaucoup d’encre et de salive. En effet, selon une source bien introduite ici, « ce sont des véhicules que nous (le secrétariat général ndlr) avons acquis pour les sénateurs de la mandature en cours. Ils doivent justement être distribués aux sénateurs de la République comme voiture de service », apprend-t-on de cet employé.

A la question de savoir pourquoi cela n’a pas été fait depuis le début du mandat en cours, ce dernier perd son latin. En effet, apprend-t-on ici, il s’agit d’une opération qui a été réalisée à hauteur de plusieurs centaines de millions par Michel Meva’a Meboutou, le Secrétaire général du Sénat. Cette commande publique, une fois réceptionnée, n’ira pas à ses destinataires.

Sous bonne escorte, les véhicules de fonction des sénateurs seront après négociations avec les patrons des lieux de cet immeuble situé aux portes de l’une des entrées de la présidence de la République, stationnés ici au grand dam des principaux bénéficiaires. Ni le président, du Sénat Marcel Niat Njifendji, ni les membres du bureau encore moins les sénateurs ne pourront faire entendre raison au Secrétaire général Michel Meva’a Meboutou pour que ces biens publics soient mis en service.

Une source dans la chambre haute nous renseigne d’ailleurs que « ce dernier (Michel Meva‘a Meboutou, ndlr) s est toujours comporté ici comme un petit président. Il ne reçoit d ’ordre de personne, ne collabore avec personne… même le président Niât à du mal à le gérer. » Avant de poursuivre « Vous- mêmes, vous trouvez normal qu’on dépense de l ’argent pour acheter des voitures de service aux gens et que quelqu’un confisque ça ? ».

La colère est perceptible même auprès des sénateurs qui, comme cet employé, s’interrogent sur la non-distribution à leurs bénéficiaires de ces voitures de service. L’un d’eux rencontré, s’étonne d’ailleurs de cette situation. Face aux soucis de santé de plus en plus aggravés de Michel Meva’a Meboutou, il pense d’ailleurs que certaines tâches auraient pu être confiées par délégation de signature au secrétaire général adjoint.

Un avis bien partagé dans la Chambre au regard de nombreuses évacuations sanitaires dont le patron administratif du Sénat a souvent fait l’objet, surtout que des langues continuent de se délier pour questionner les véritables desseins de monsieur le Secrétaire général au sujet de ces berlines évaluées à 40 mil- lions/pièces, au moment où les principaux bénéficiaires sont au crépuscule de leur mandature.

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